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Albums

Revolutionary Birds

Mounir Troudi – chant
Erwan Keravec – cornemuse
Wassim Halal – percussion

Sortie le 3 novembre chez Buda Musique

1. Raks (Troudi/Keravec/Halal)
2. Turc (Troudi/Keravec/Halal)
3. Hallaj (Troudi/Keravec/Halal)
4. Sirène (Troudi/Keravec/Halal)
5. Le Rêve d’Achille (Troudi/Keravec/Halal)
6. Raks, live (Troudi/Keravec/Halal)

INDISPENSABLE
Erwan Keravec, Wassim Halal et Mounir Troudi se sont réunis entre France et Liban, ce qui est la moins bonne explication de cette réunion entre la cornemuse du premier et le chant soufi de dernier, sans excepter les percussions du deuxième déjà entendues avec Ber.Ler.Bey. La meilleure, c’est qu’ils font mieux qu’éviter les écueils de la world, en maintenant leurs singularités aux traditions évoquées, créant une musique ébouriffante d’inventivité : l’équilibre entre les structures souvent répétitives et la liberté d’expression effrénée frappe particulièrement, faisant défiler les transes de cultes encore à inventer. Ces oiseleurs possèdent comme une recette incroyablement efficace de ce qu’on peut mitonner de plus beau et fin avec ces matériaux s souvent maltraités. En cela, leurs pifs sont bien révolutionnaires

JazzNews, Pierre Tenne, novembre 2017

Les révolutionnaires sont des oiseaux migrateurs. Il ne connaissent pas de frontières. Les révolutionnaires sont des oiseaux de passage, trop souvent pourchassés. Mais qui sont les oiseaux révolutionnaires ? Chamarrés, sans doute. Agiles, bien sûr. Moqueurs, ajouterait Jean-Baptiste Clément. Un peu tout ça à la fois et surtout vivants, furieusement et tapageusement, comme pour mieux nous surprendre de leur chant. Les trois oiseaux révolutionnaires qui se présentèrent au Quartz de Brest en décembre 2016 cochent toutes les cases : joyeusement cosmopolites comme il se doit, respectueux des dynamiques collectives et emplis d’une poésie qui vous étreint à peine la cornemuse d’Erwan Keravec vient se frotter au chant soufi de Mounir Troudi dans les cycles de « Raks », morceau-symbole de ce disque qui vous saisit par l’intensité de l’instant

Ce n’est pas le choc des cultures, pas plus que le dialogue entre les peuples. La Bretagne ne croise pas la Tunisie dans un quelconque match des virtuoses. Wassim Halal, le percussionniste de Bey.Ler.Bey qui clôt le triangle avec son bendir ou sa darbuka n’est pas non plus là pour offrir le multiculturel Liban en arbitre, quand bien même « Turc » est une construction rythmique sophistiquée où Armorique, Atlas et Kaçkar auraient fusionné sur on ne sait quelle dorsale. Il s’agit - et l’évidence sonne aussi fort que les tuyaux de la cornemuse - d’une alchimie qui parvient à convoquer les folklores hors de tout terroir. Ni fusion hors-sol, ni folklore imaginaire. Juste un shaker géant où le sonneur ferait parfois songer à un ney des Balkans capable de tenir indéfiniment la note et où de la danse à la transe, il n’y aurait qu’un souffle ténu et largement imperceptible. Une douceur qui s’accroche aux bourdons soigneusement ordonnancés par la pulsation de Halal.

Revolutionary Birds est la rencontre d’improvisateurs hors pair que rien n’arrête, pas même le cadre très codifié de leurs langages respectifs. Keravec côtoie depuis longtemps les scènes jazz et musiques improvisées, notamment avec Beñat Achiary qui aurait pu s’intégrer dans un tel projet tant il s’apparente à son univers. Mounir Troudi quant à lui a travaillé avec Erik Truffaz ; sa science du chant traditionnel soufi, sa capacité à en briser les codes sans le dénaturer est la clé de ce disque étonnant et réjouissant. L’oiseau révolutionnaire peut partir aussi loin qu’il veut : nous veillons précieusement sur son nid.

Citizen Jazz, Franpi Barriaux, mars 2018, chronique disque

Le mélange des genres est une nécessité qui s'oppose à tous les intégrismes. Or si pour être de partout il faut être de quelque part, Wassim Halal, Erwan Keravec et Mounir Troudi parlent bien la même langue, celle de la musique. Ils participent au vertige qui nous attrape, corps et âme. Mon premier, cornemuse, prend la nuque jusqu'au bas du dos, mon second, daf, darbuka et bendir, nous démange les doigts, mon troisième est une voix qui vient de l'intérieur, et mon tout ferait bouger les jambes si nous n'étions assis dans une salle de spectacle ou dans le salon à savourer leur album !
Médiapart, Jean-Jacques Birgé, sept 2017